Introduction
Un manager toxique n’est pas toujours une personne malveillante par nature. Dans bien des cas, sa posture destructrice est le fruit d’une histoire personnelle, d’un environnement professionnel délétère, ou d’un système qui valorise la performance au détriment de la relation.
Comprendre ce qui se cache derrière les comportements toxiques permet de sortir de l’opposition stérile “gentil victime / méchant bourreau” et d’adopter une lecture plus systémique du problème.
1. Un besoin excessif de contrôle
Certains managers ont une peur profonde de la perte de contrôle. Ils associent le chaos, l’échec ou l’humiliation à toute forme d’incertitude. Pour se rassurer, ils adoptent des comportements autoritaires ou rigides.
Souvent, derrière ce masque dur, on trouve :
- Une insécurité personnelle ou professionnelle
- Un passé de brimades ou de dévalorisation
- Une vision manichéenne : “si je ne domine pas, je serai dominé”
Le management devient alors un terrain de protection narcissique, où l’autre est une menace.
2. Des modèles de pouvoir intégrés très tôt
Le style managérial se construit souvent par mimétisme. De nombreux managers reproduisent les modèles d’autorité auxquels ils ont été exposés :
- Un supérieur tyrannique dans leur propre carrière
- Une éducation fondée sur la punition ou l’humiliation
- Des environnements où seule la compétition permettait d’exister
En l’absence de formation à l’intelligence relationnelle, ces personnes reproduisent sans recul les schémas qu’elles ont subis ou intégrés comme “normaux”.
3. La pression du système et des objectifs
Certains comportements toxiques ne sont pas uniquement liés à la personnalité du manager, mais au contexte dans lequel il évolue :
- Objectifs inatteignables, injonctions paradoxales
- Absence de soutien de la hiérarchie
- Culture d’entreprise fondée sur la performance ou la peur
- Valorisation implicite de la dureté, du “charisme”, de la pression
Dans ces cas, le manager devient à la fois agent et victime du système. Il transmet une pression qu’il subit lui-même, sans outils pour la transformer.
4. Le manque de formation relationnelle
La plupart des managers sont formés à la gestion de projets, aux résultats, à l’organisation… mais très peu à la gestion humaine.
Ils se retrouvent à encadrer des équipes sans connaître :
- Les principes de communication bienveillante
- Les bases de la psychologie du travail
- La régulation émotionnelle dans les situations tendues
Ce vide de compétence peut générer des maladresses chroniques qui deviennent toxiques dans la durée.
5. Certains troubles de personnalité en jeu
Dans de rares cas, le comportement toxique d’un manager peut s’expliquer par des traits de personnalité pathologiques :
- Narcissisme exacerbé : besoin d’être admiré, incapacité à se remettre en question
- Comportement antisocial : froideur émotionnelle, instrumentalisation des autres
- Rigidité obsessionnelle : incapacité à lâcher le contrôle, perfectionnisme destructeur
Ces cas restent marginaux mais significatifs, surtout lorsque la personne occupe des postes à fort pouvoir sans supervision éthique.
Conclusion
Tous les managers toxiques ne sont pas des “tyrans volontaires”. Certains agissent ainsi par peur, par répétition, par manque d’outils ou sous la pression d’un système dysfonctionnel. Cela n’excuse pas leurs comportements, mais ouvre la voie à une compréhension plus fine — et à des actions mieux ciblées pour prévenir la toxicité en amont.